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Conférence-débat "Question de société" | Le langage nazi : de la déformation sémantique à la déformalisation juridique
Conférence sur des questions mémorielles et de transmission en partenariat avec le Mémorial National de la prison de Montluc.
Cette conférence modérée par Xavier Pin, Professeur agrégé de droit privé et sciences criminelles à l’université Jean Moulin Lyon 3, est l’occasion d’une rencontre avec Olivier Mannoni, récipiendaire du prestigieux prix Eugen Helmlé pour son oeuvre d’auteur de plus de 200 traductions publiées et directeur de l’École de Traduction Littéraire du CNL, et Nicolas Bareit, Maître de conférences en Droit privé et sciences criminelles à l’université de Pau.
Ils tenteront de démontrer comment les nazis ont pensé et traduit leur idéologie par la déformation du langage, notamment juridique. Le langage nazi est construit sur la dissimulation. Cela fait qu’aujourd'hui encore il questionne les historien·nes dans ce qu'il revêt précisément. Quels sont les crimes derrière des termes banaux ou distordus ? Ce langage de dissimulation a, de fait, impacté les procès et la défense des criminels nazis. Exposant le lien entre sémantique et justice pénale, la conférence montrera le langage nazi comme « pièce à conviction ». Dans cette perspective, le thème de la déformation de la langue nazie est une excellente entrée en matière, car il rejoint le thème de la « déformalisation » du système juridique nazi.
Les intervenants
- Xavier Pin
-
Professeur agrégé de droit privé et sciences criminelles à l’université Jean Moulin 3, assurera la modération de la conférence.
Agrégé des facultés de droit, Professeur et directeur du Centre de droit pénal de l’Université Lyon 3, Xavier Pin enseigne le droit pénal et la criminologie. Auteur de plus d’une centaine de publications, il s’intéresse plus particulièrement au droit pénal général, au droit de la peine, à la procédure pénale, à la politique criminelle et au droit pénal allemand
Il a été chercheur invité à l’Institut Max Planck pour le droit pénal étranger et international de Fribourg-en-Brisgau, a effectué de nombreux séjours de recherche et donné des conférences en Allemagne (Fribourg, Cologne, Bonn, Sarrebruck, Göttingen). Il a été également titulaire d’une chronique de droit pénal allemand à la Revue internationale de droit pénal (2004-2013).
A ce titre, il a rencontré le droit pénal appliqué par les nazis, en s’intéressant notamment aux mesures de défense sociale et aux concepts juridiques élargis par des auteurs comme Carl Schmidt.
Bibliographie :
X. Pin « L'internement de sûreté en Allemagne : une mesure de défense sociale à la dérive », in « Risques, dangerosité et sécurité - Renaissance et mutations de la défense sociale »,
Déviance et Société, vol. 34, n°4, 2010, p. 527 et s.
X. Pin, « Juger aujourd’hui en Allemagne les criminels nazis d’hier », in Procès et mémoire(s) des crimes de masse, L’Irascible n°11, Campus ouvert/L’Harmattan, 2024, p. 35 et s. - Nicolas Bareit
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Nicolas Bareït est Maître de conférences habilité à diriger des recherches en droit privé et sciences criminelles, à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour.
Depuis près de dix ans, il étudie les rapports entre le Droit et la Littérature, en particulier les représentations du Droit dans le roman policier à énigme (Agatha Christie. Le droit apprivoisé, Classiques Garnier, 2020). Il étudie également le Droit en tant que littérature et s'est intéressé, dans cette perspective, au droit nazi - Olivier Mannoni
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Après des études littéraires et philosophiques et plusieurs années de journalisme, Olivier Mannoni vit de sa plume de traducteur depuis 1987. Il est l’auteur de plus de deux cents traductions publiées.
Outre des romans et nouvelles (Martin Suter, Uwe Tellkamp, Stefan Zweig, Franz Kafka, Frank Witzel, Maxim Leo ou Robert Menasse…), il est le traducteur en France du philosophe Peter Sloterdijk, de Buyng-Chul Han, et a publié de nombreuses nouvelles traductions de textes de Freud. Il a également traduit de nombreux essais historiques consacrés à la période du nazisme.
Il est en outre l’auteur de plusieurs livres centrés sur des biographies d’écrivains et sur l'histoire de l’Allemagne, dont Günter Grass, l’honneur d’un homme (Bayard, 2000) et Manès Sperber, l’espoir tragique (Albin Michel, 2005), Traduire Hitler (Héloïse d’Ormesson, 2022, sélectionné en 1ère liste pour le Médicis Essai, prix Charles Oulmont 2023), Coulée brune – Comment le fascisme a inondé la langue (Héloïse d’Ormesson, parution le 17 octobre 2024).
Président de l’Association des Traducteurs Littéraires de France de 2007 à 2012, il dirige depuis cette date l’École de Traduction Littéraire du CNL (ETL, un partenariat CNL/Asfored). Il a reçu en 2017 le prestigieux prix Eugen Helmlé pour son œuvre de traducteur littéraire. Il a été nommé en 2023 chevalier de l’Ordres des Arts et des Lettres.