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Femmes philosophes

Publié le 8 mars 2025 Mis à jour le 5 mars 2025
sappho
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Les femmes ont longtemps été invisibilisées dans le domaine des sciences et des savoirs. La philosophie ne fait pas exception. Voici un tour d'horizon historique et non exhaustif de la philosophie au féminin.

Antiquité

Richard Goulet, dans son Dictionnaire des Philosophes Antiques, distingue plus de cent femmes philosophes durant la période antique. Ces femmes ont pris une part active à l’existence et à la diffusion de la philosophie. 
Il est possible que l’institution des écoles de philosophie dans l’Antiquité ait favorisé la place des femmes dans la philosophie, elles pouvaient y occuper une place équivalente à celle des hommes, et parfois même la première en dirigeant certaines d'entre elles, alors qu’il leur était plus difficile de s’imposer dans la vie publique.

Focus sur 2 d'entre elles : 

Aspasie

débat Le débat de Socrate et Aspasie, Nicolas-André Monsiau, vers 1800

Aspasie est l’une de ces femmes érudites dont on ne sait que peu de choses. Elle aurait été l’enseignante en rhétorique et en philosophie de Socrate et de Périclès. 
Aspasie naquit à Milet au Ve siècle avant notre ère. 
Nous ne connaissons pas son travail philosophique, tout ce que nous savons d'Aspasie vient de Platon. Dans le dialogue Théétète, Socrate fait allusion à Aspasie comme une femme intellectuellement exceptionnelle qui exerçait une grande influence sur les discussions philosophiques et politiques athéniennes. 
Xénophon mentionne dans les Mémorables le respect de Périclès pour ses talents oratoires et pour son esprit. 
 

Hypatie

hypatie Hypatie, Alfred Seifert

Hypatie d’Alexandrie, philosophe et mathématicienne grecque de la fin du IVe et du début du Ve siècle de notre ère, est restée célèbre pour sa mort tragique assassinée par des chrétiens fanatiques en 415. Femme de lettres et de sciences, elle est à la tête de l'école néoplatonicienne d'Alexandrie, au sein de laquelle elle enseigne la philosophie et l'astronomie. C'est la première mathématicienne dont la vie est bien documentée. Bien que non chrétienne, Hypatie est connue pour sa tolérance : elle enseigne ainsi à de nombreux étudiants chrétiens. Jusqu'à la fin de sa vie, Hypatie conseille Oreste, préfet d'Égypte, qui est en conflit ouvert avec Cyrille, évêque d'Alexandrie. Sa mort sous les coups des chrétiens choque l'Empire, menant les futurs néoplatoniciens à devenir de fervents opposants au christianisme. Pendant le Moyen Âge, le symbole d'Hypatie est récupéré et déformé pour en faire une incarnation des vertus chrétiennes tandis qu'au siècle des Lumières, elle devient un symbole de l'opposition au catholicisme. 
 



Moyen-Age

Durant l'époque médiévale, ce sont principalement des hommes qui écrivent sur les femmes. Les sources qui nous sont parvenues nous donnent donc une vision masculine des femmes. De plus, elles sont généralement écrites par des hommes d’Eglise, avec un discours assez misogyne dans son ensemble. Au XIIIe siècle, on redécouvre les textes d’Aristote, ce qui donne du grain supplémentaire à moudre pour les accusateurs des femmes : pour Aristote, la femme est un être imparfait, inachevé et par conséquent plus faible que les hommes.

Une autrice se détache malgré tout :

Christine de Pizan

pizan  
pisan

Christine de Pizan (1364-1430) est considérée comme la première femme de lettre de langue française ayant vécu de sa plume. Elle a composé de nombreux traités de politique, de philosophie ainsi que des recueils de poésies.
Elle s’engage dans un combat en faveur des femmes, notamment sur leur représentation dans la littérature. 
Christine de Pizan jouit d'une grande popularité dans le milieu de la cour de son époque et obtient commandes et la protection de puissants mais au fil du temps elle est oubliée, ses œuvres sont jugées dépassées, archaïques et obscures. 
Au XIXe siècle, les historiens de la littérature sont très condescendants à son égard. Il faut attendre la naissance du sentiment féministe et la volonté de réhabiliter les femmes dans la littérature pour que l'œuvre de Christine de Pizan soit redécouverte.

Epoque moderne 

Bien que nombreuses, les femmes philosophes de l'époque moderne ont été très peu étudiées et peu visibles car souvent invisibilisées. Pourtant, selon le philosophe François Poulain de la Barre, il n'y a jamais eu autant de femmes savantes qu'à son époque. 



Les femmes philosophes à l'époque moderne,
par Marie-Frédérique Pellegrin, professeur d'histoire de la philosophie à l'Université Lyon3 (Librairie Vrin, 2023). 
 
 

Epoque contemporaine

En France, sous la Troisième République, la loi Sée ouvre pour la première fois l’enseignement secondaire aux filles mais elle spécifie explicitement qu'elles ne pourront pas avoir accès à l’enseignement de la philosophie. Si l'on est d’accord pour mieux former les filles et leur donner un minimum de bagage intellectuel, il s’agit avant tout de former des individus capables de répondre aux besoins de leur mari et de leurs enfants. 
La philosophie suscite une forme de peur : elle donne accès au symbolique et à des textes qui parlent d’émancipation et de liberté. La société redoute que les femmes accèdent à ce type de connaissances. 


En 1949 paraît Le Deuxième Sexe. Le livre de Simone de Beauvoir clôt symboliquement cette période qui envisage la relation entre femmes et philosophie sur fond de rivalité. 

Quelques figures du XXe siècle : 

 

Aujourd’hui, d’autres types d’obstacles persistent quant à l'accès des femmes à la philosophie : de nombreuses déterminations sociales continuent de reproduire des inégalités de genre et d’accès aux savoirs.