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Entretien avec Sarah Gaucher

Publié le 17 juin 2024 Mis à jour le 18 juin 2024

[De janvier 2022 à juin 2023, Sarah Gaucher, alors membre du laboratoire Hisoma-Lyon 3, a géré au quotidien le carnet Ithac, dédié à l’étude de la réception du théâtre antique dans l’Europe du XVIe siècle]

  1. En quelques mots, pouvez-vous vous présenter ?
    Sarah Gaucher, docteure en langues et littératures anciennes de l’université de Lyon, j’ai préparé de 2014 à 2018 au sein de l’UMR 5189 Hisoma une thèse intitulée La représentation de Lucilius chez Cicéron et Varron : influence des contextes et des pratiques de la citation sur la construction d’une figure littéraire. Après ma soutenance, j’ai été attachée temporaire d’enseignement et de recherche à l’École normale supérieure de Lyon, puis de septembre 2021 à août 2023 post-doctorante au sein du projet ANR Ithac « L’invention du théâtre antique dans le corpus des paratextes savants du XVIe siècle. Analyse, traduction, exploration numérique », piloté à l’université Grenoble-Alpes par Malika Bastin-Hammou et à l’université Jean-Moulin Lyon 3 par Pascale Paré-Rey. Depuis septembre 2023, je bénéficie d’un financement ANR Access ERC qui me permet de mener sur fonds propres le projet Fragmant (« Fragments Antiques ») à l’université Grenoble-Alpes au sein de l’UMR 5316 Litt&Arts.
     
  2. Depuis quand écrivez-vous sur les carnets Hypothèses et quelles sont vos motivations pour cela ?
    J’ai commencé à écrire sur Hypothèses en septembre 2021 au début de mon post-doctorat au sein de l’ANR Ithac : la tenue à jour du carnet était l’une des missions de communication qui incombaient à la personne recrutée. Le blog Hypothèses existait déjà et avait été créé par Anne Garcia Fernandez, ingénieure de recherche CNRS au sein de l’UMR 5316 Litt&Arts : il était alimenté par Malika Bastin-Hammou et Pascale Paré-Rey. L’idée était que le carnet Hypothèses documente et relaie l’avancée des travaux de l’équipe auprès de l’ensemble de la communauté scientifique, de nos financeurs et plus largement de tout public intéressé par l’objet de nos recherches. Nous souhaitions centraliser l’ensemble de la communication liée au projet dans un lieu unique, facilement accessible et pouvant aisément être alimenté. Ces objectifs ont été, je crois, largement remplis : le carnet a efficacement rassemblé les appels à communication, programmes de colloque, liste des publications et les actualités, mais aussi les fiches de postes en vue des recrutements au sein du projet. Il a assumé un rôle crucial pour la visibilité du projet au moment où nous continuions à construire et à alimenter l’interface numérique de consultation des paratextes. Aujourd’hui, alors que le financement de l’ANR prend bientôt fin et que nous nous apprêtons à ouvrir cette interface, nous avons fait le choix de conserver le carnet et de le lier au site Ithac via un onglet « Actualités » : c’est un bon signe du rôle joué par le carnet durant les 48 mois du projet.

    L’expérience fructueuse d’Ithac m’a naturellement amenée, lorsque j’ai commencé à travailler sur Fragmant, à entamer un nouveau carnet, avec des motivations et une ligne éditoriale comparables : documenter l’avancée du projet, centraliser sa communication, en assurer la publicité.
     
  3. Que vous apporte l’écriture sur un carnet Hypothèses, que d’autres canaux de communication ne vous apportent pas ?
    Au sein de l’ANR Ithac, nous concevons le carnet Hypothèses en complémentarité avec d’autres canaux de communication utilisés pour la publicité du projet. Nous disposons par exemple d’un compte X (anciennement Twitter) : le carnet Hypothèses donne évidemment une liberté bien plus importante en matière de format. Il permet également de mieux organiser et donc de mieux mettre en valeur les contenus que nous choisissons de relayer en les classant par thématique et non en fil continu. Il complète aussi notre communication via les listes de diffusion ou les sites institutionnels, que nous utilisons ponctuellement pour des informations de type appels à contributions ou annonces de rencontres scientifiques. Dans ce cas, nous renvoyons volontiers au carnet afin que nos lecteurs puissent prendre la pleine mesure de l’ensemble des travaux menés par l’équipe. Le carnet nous a aussi régulièrement servi dans les manifestations où nous étions invités à présenter les travaux d’Ithac, par exemple pour l’école thématique CNRS du Labex Comod en juillet 2023. C’est une carte de visite pour les projets : sur Ithac, nous étions trois à avoir utilisé le lien du carnet dans nos signatures mails et j’ai repris cet usage pour Fragmant.

    C’est cette complémentarité d’Hypothèses avec les autres canaux de communication qui m’a convaincue d’ouvrir un nouveau carnet au début du projet Fragmant. Tenir à jour son carnet, c’est beaucoup de temps gagné en matière de présentation et de communication.
     
  4. Estimez-vous légitime de faire référence à des billets Hypothèses dans une recherche académique ? Expliquez pourquoi.
    Il me semble que la question qui se pose pour la référence à un carnet Hypothèses n’est pas différente de celle que l’on se pose pour d’autres types de publications : pouvons-nous raisonnablement attester de la qualité de l’information que nous reprenons à l’appui de notre recherche ? Dans ce contexte, il faut, comme toujours, évaluer prudemment le contenu que l’on cite. Mais lorsque la ligne éditoriale du carnet est suffisamment explicite, que les crédits indiquent le nom d’un ou plusieurs responsables scientifiques reconnus dans la sphère académique et que l’information qu’on souhaite reprendre est sourcée et documentée, il me semble légitime de citer le billet. C’est par exemple le cas du carnet CGL Corpus grammaticorum latinorum, dont le projet est d’établir une bibliographie des grammairiens latins : je n’hésiterais pas à y faire référence dans un état de la recherche. De même, il me semble légitime de citer un billet résumant les interventions ou les conclusions d’une rencontre scientifique qui ne donnerait pas lieu à publication ou dont les actes seraient encore sous presse.
  5. Auriez-vous un conseil à donner à un·e aspirant·e carnetier·e ?
    Même si l’utilisation du tableau de bord Hypothèses est assez intuitive, il ne faut pas hésiter à profiter des ressources qui nous sont offertes, notamment en matière de formation.

    Il me semble aussi important, au moment de se lancer, de bien définir la ligne éditoriale que l’on souhaite adopter. S’agit-il d’un espace numérique conçu comme outil de visibilité et de publicité, de vulgarisation ou même, dans certains cas, de publication d’éléments de recherche ? La réponse à cette question a de nécessaires implications sur l’architecture du carnet, sur ce qu’on va choisir d’y publier et sur le temps qu’on va y consacrer. Pour mieux cerner ses attentes et ses besoins, il me paraît opportun de consulter plusieurs blogs sur des thématiques de recherche variées.

    Si le carnet est lié à un projet scientifique disposant d’une forte présence numérique (site, base de données, ou même réseaux sociaux…), il faut veiller à ce que ces différents espaces aient des objectifs et des contenus complémentaires, sinon différents : il est extrêmement chronophage de tout alimenter.

    Il me semble également important de réfléchir au devenir et à la tenue à jour du carnet sur le long terme : les carnets font rarement état de leur fin alors qu’il s’agit d’une information importante pour le suivi des projets documentés.

[Figure 1 : capture d'écran du carnet Ithac]
ithac
[Statistiques de consultations du carnet Ithac]

Nombre de billets publiés

Nombres de visites

2021 17 Pas de chiffres
2022 10 523
2023 6 862
2024 0 213 (au 3 mai)
 

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