Avec l’arrivée du métavers, les géants de l’industrie numérique pensaient entrer dans la troisième ère de la numérisation du monde. Le Web 3 ou le métavers devrait laisser derrière lui l’Internet actuel au profit « des mondes immersifs en trois dimensions auxquels nous accéderons avec des casques de réalité virtuelle ».
Retour sur cet ambitieux projet numérique qui fait mouche.  

« Se balader dans les allées d'un supermarché virtuel et mettre les produits dans un caddie en trois dimensions avant de se les faire livrer pour de vrai. Assister à un concert sans sortir de chez soi, mais en ayant l'impression d'être dans le public. Prendre un cours d'art martial sur l'esplanade du temple chinois de Shaolin, fidèlement reconstitué. Tout cela avec le même avatar, un double numérique personnalisable à volonté. Bienvenue dans les métavers. Des mondes parallèles en 3D, interactifs et immersifs, dans lesquels les utilisateurs vivront demain de multiples expériences, non plus « sur » mais « dans » Internet. Un univers « au-delà » du monde réel » …

C’est la définition du métavers que donne La Croix L'Hebdo, dans son dossier spécial paru en novembre dernier. 

Depuis environ deux ans, les médias s’empressent de dessiner les contours de ce mystérieux dernier-né de l’univers numérique et du monde virtuel qui demain remplacera peut-être complètement Internet. Et pour cause : en 2021, les nouvelles venant de la Silicon Valley ont suscité une vague d’intérêt massive pour les métavers et les expériences immersives.
 

Meta de Mark Zuckerberg

En octobre 2021, Mark Zuckerberg, le PDG du groupe Facebook annonçait investir 10 milliards de dollars pour atteindre son nouvel objectif : bâtir un métavers en renommant son célèbre réseau social Meta. En s’appuyant sur les 3 milliards utilisateurs de Facebook, le site visait à devenir un gigantesque réseau social 3D et à avoir une position dominante vis-à-vis de ce nouveau concept de l’Internet immersif. 

Mais l’euphorie de Meta n’a duré que quelques mois. Abandonné ou du moins suspendu, le projet ambitieux de Mark Zuckerberg serait jugé trop précoce en raison du contexte économique peu favorable et faute de technologies nécessaires à une expérience virtuelle adéquate. Après la chute vertigineuse de la valeur boursière de Meta, le faible succès de la plateforme sociale Horizon Worlds et la suppression de 20 000 emplois, le patron de Facebook s’est lancé avec ses équipes dans d’autres défis technologiques autour de l’IA. Coté internautes, les métavers ont été complètement relégués au second plan par la vague ChatGPT et par un nouvel engouement pour l'intelligence artificielle.
 
Mais la révolution métavers, s’arrêtera-t-elle là pour laisser la place à d’autres technologies de pointe ? Pas tout à fait, estiment les spécialistes.
 

Une révolution numérique à venir ?

L’idée de la disparition du métavers est trop hâtive : le Web 3 n’est pas mort, il n’est même pas encore né, pensent les experts. Le concept est trop séduisant et la course technologique semble être bien lancée partout dans le monde, de l’Asie à l’Amérique.  

Le groupe Facebook affirme que l'intelligence artificielle et le métavers sont les deux vagues technologiques qui guident ses projets. Le Web 3 montrera son plein potentiel, selon le PDG de Meta, d’ici à une décennie. En attendant, on annonce l’arrivée prochaine de nouveaux gadgets comme le casque de réalité virtuelle utilisant la technologie numérique Direct touch ou des nouvelles lunettes virtuelles d’Apple pour 2023. 

Tout peut aller donc très vite et à l’horizon 2030, nous aurons tous « notre porte d’entrée dans le métavers », estiment les spécialistes. Les méta-mondes toucheraient avant la fin de la décennie la plupart des secteurs économiques – l’industrie, l’univers de luxe, les finances, la santé, la culture, les loisirs, l’éducation et la justice. 

Beaucoup de professionnels s’intéressent dès maintenant aux possibilités qu’offrirait ce nouveau « Eldorado de la tech » sur leurs activités. Le potentiel économique de la future révolution technologique s’annonce lui aussi énorme. Ainsi, le cabinet McKinsey estime que le Web 3 pourrait « générer annuellement au niveau mondial jusqu'à 5 000 milliards de dollars d'ici à 2030 ». 

Les défis technologiques, économiques, sécuritaires, socio-environnementaux à relever seraient tout aussi considérables : la décentralisation du Web, la création des « actifs numériques » uniques (NFT), la monétisation des objets, la protection des données et de la propriété intellectuelle, la prévention des risques psychosociaux et bien d’autres. 
Enfin, la première phase de lancement du Web 3, montre que dans les années à venir les métavers doivent relever un autre défi important, à savoir convaincre le grand public, car nous sommes de plus en plus nombreux à prendre conscience des enjeux de la sobriété numérique, à refuser les gadgets et la course à la technologie. Rien ne dit pour l’instant qu’à l’instar des marques qui se ruent sur la tendance, les Internautes sauteront facilement le pas du métavers.  
 

Pour aller plus loin… 

Qu’en dit la recherche sur l'émergence relativement récente de ce phénomène ? 

Pour répondre aux différentes interrogations concernant un concept en plein essor, les ouvrages se multiplient et proposent l’analyse des différents tenants et aboutissants du développement des métavers pour les activités humaines. 

Vous souhaitez en savoir plus sur la genèse du Web 3, connaître l’essentiel ou pour acquérir des connaissances approfondies sur les métavers, consultez cette sélection spéciale des BU Lyon 3, faisant le tour d’horizon sur la question. ⇒  ⇒  ⇒